PBCG 55 A NEW MAN

Cinquante-cinquième numéro du podcast Pourquoi Buffy c’est génial. Podcast complètement exceptionnel car enregistré en binômie intégrale avec le fabuleux Riley. Nous analysons ensemble le douzième épisode de la quatrième saison : A New Man (314)
Écrit par Jane Espenson et réalisé par Michael Gershman il fut diffusé pour la première fois le 25 janvier 2000.
Nous vous proposons de revivre avec nous cet épisode sous forme de commentaires audio un peu particuliers dans lesquels nous tenterons d’analyser l’écriture, les personnages, la réalisation… Tout ce qui fait de Buffy une série si particulière et tellement sous estimée en France. A travers A New Man, nous aborderons la crise de la quarantaine, le sentiment d’exclusion, le complexe d’infériorité, le sexe…
Toutes les infos du podcast ici : pourquoibuffycestgenial.wordpress.com, discord.gg/feWftHm
Nous parlerons également :
du hors série 7e obsession sur Buffy (https://boutiquelaseptiemeobsession.com/fr/accueil/133-buffy-contre-les-vampires.html)
Des gros bisous au tchat incroyable du live, à Nathalie, jessica, Vertebre music, Sandra, Axelle, Samantha, Lepod.fr, Artemis, Clement, Qayris
Bon épisode.
Pour s’abonner sur iTunes c’est là :
https://itunes.apple.com/fr/podcast/pourquoi-buffy-c-est-genial/id921237160?l=en
Et si vous aimez pas iTunes l’audio est là :
Excellent épisode, messieurs !
Pour ce qui est de la forme, j’avoue que j’ai beaucoup apprécié le fait que vous ne soyez que deux pour une raison particulière : Le temps de parole.
Vous avez pu dérouler durant quarante minutes sans que le tout soit noyé sous les interruptions.
Evidemment, avoir des invités apporte également des avantages. C’est plus dynamique, plus convivial, cela donne des contrepoints intéressants. Mais parfois, avoir peu de voix qui vont dans le même sens a également une pertinence : c’est clair, cohérent, structuré.
Même si l’on y perd un peu de fraternité et d’émulsion, l’analyse en profondeur de la série y gagne beaucoup.
Concernant cet épisode, je l’aime beaucoup. Je suis très sensible à ce traitement du personnage de Giles (et les imitations bourviliennes de Sarthman durant l’épisode sont assez grisantes).
Si je ne devais ajouter qu’une chose à votre analyse déjà très complète, c’est la quête de l’efficience (représentée par les couples Giles/Walsh et Riley/Buffy) et le traitement de l’humain en tant que machine-outil.
(Attention, je ne me retiens plus.)
Concrètement, Riley n’a que ses outils pour parvenir à ses fins. Il fait parti d’un corps organisé comme une armée et est dépendant de cette structure et de ses auxiliaires (humains comme matériels) afin de mener sa mission à bien.
A côté, Buffy est un personnage solitaire qui fait avec les moyens du bord. Elle improvise ses armes et demande l’assistance de gens qui, eux aussi, sont des autodidactes à leur échelle. Même Giles qui est censé avoir disposé d’une formation chez les observateurs est en fait un transfuge avec un passé désaligné voire criminel.
Walsh est une bureaucrate qui applique la règle d’or dictée par la quête de la performance : l’ordre.
Nul n’est besoin de connaître la méthode, le bienfait ou l’histoire, le plus important est de suivre les ordres qui nous mènerons à un futur meilleur. Et cela, car l’ordonnancement de l’Initiative demande l’ordre et, corollairement, appelle le devoir. Non pour un objectif particulier (critique un peu facile de l’armée mais néanmoins justifiée) mais dont l’objectif même EST d’obéir aux ordres. Pas « pourquoi ? » mais « comment ? », en quelque sorte.
Riley, bon petit soldat ayant bénéficié d’un entraînement et d’une formation trois étoiles, ne peut qu’être décontenancé par la décontraction et le palmarès de Buffy. Non seulement elle n’a pas de chef, elle n’a pas de moyen, mais en plus elle réussit mieux que lui. Ce qui, dans une hiérarchie fondée sur l’ordre et le devoir, n’a aucun sens. Comment pourrait-on réussir si l’on fait n’importe quoi ? Toute son existence, d’une certaine manière, est remise en question par une seule jeune fille débrouillarde.
Lui ne se considère pas tant comme un individu capable d’action propre car son rôle ne le nécessite pas. Il l’interdit, même. La structure dans laquelle il opère lui demande de tenir son rang et de connaître sa place. Car c’est ainsi que le groupe peut se déployer et montrer son efficacité. D’une certaine manière, il est lui-même un outil. Guère plus que sa fonction.
Et c’est probablement la raison qui fait que tout le monde le trouve aussi plat. Ce n’est pas vraiment de sa faute, en fait : il fait ce qu’il doit faire. Parce qu’on lui demande de le faire. Et il apprécie que ses relations soient ainsi faites.
Il n’a pas l’ambition de s’émanciper comme peut l’avoir le personnage de Buffy, qui est un individu agissant. Au contraire : dès qu’on le laisse seul et qu’il ne sait plus quoi faire (qu’on ne lui donne pas d’ordre), il va faire des conneries. Expérimenter le danger. Se trouver d’autres maîtres.
Preuve en est : lorsqu’il revient plus tard dans la série et que tout le monde le trouve « si balaise », il n’est pas seul. Il fait toujours parti d’un groupe. Il est assisté militairement et logistiquement par un organisme qui le dépasse et qui lui a donné une place dans son organigramme hiérarchique afin qu’il puisse, une fois de plus, remplir le rôle qu’on lui a déterminé. Ou qu’il s’est lui même déterminé.
Ce qui renvoie aux fait que Riley est un agent adapté et Buffy une éternelle inadaptée.
Inadaptée ne voulant bien sûr pas dire qu’elle est incapable de créer société : la preuve avec Giles et le Scooby Gang. Elle a simplement besoin d’un environnement malléable et compréhensif, qui s’adapte, et qui œuvre dans un but commun sans mettre de côté ceux qui ne s’adapteraient pas immédiatement à sa règle d’or.
Ce qui est une antithèse parfaite d’avec l’initiative, qui est justement une super-structure sans visage et sans compromis, dont les agents doivent suivre les ordres car ils sont la règle qui prime. Au-delà même de l’objectif. Car l’objectif est toujours subordonné à la méthode. On ne fait pas « pour… », on fait « tout court ». Ce n’est pas le but qui est important, c’est d’obéir aux ordres.
C’est représenté par cette discussion dont vous avez très bien parlé sur la contradiction des méthodes d’éducation (d’élevage ?) entre Giles et Walsh.
Giles est un guide, un mentor, et définitivement pas un employeur ou un supérieur hiérarchique. Rien que le terme « watcher » est clair : c’est celui qui regarde. Il peut donner son avis, éclairer la piste, mais rien ne lui permet de dégager son observé comme un corps militaire permet à un gradé de sanctionner son appelé.
Ce qui relativise la gentillesse de Giles : Ce n’est pas tant qu’il « veut » que Buffy fasse ses expériences toute seule, c’est surtout qu’il n’a pas l’autorité sur elle. Il est, alors, bien obligé de rationaliser et de la laisser faire (tout en l’accompagnant et la réconfortant lorsque cela devient trop dur, bien sûr) car il n’est pas en position de lui imposer quoi que ce soit vis-à-vis de cette éducation.
Mais tout comme Giles compose avec son incapacité, cela relativise aussi le côté « grand méchant » du personnage de Walsh. Après tout, Adam est déjà censé remplir ce rôle. Et de fait, c’est l’ambivalence de sa persona : autant elle n’apporte que de mauvaises conséquences, autant elle n’a pas choisie de faire le mal. Elle a du pouvoir sur ses subordonnés : elle l’utilise. C’est tout ce que son organisme attend elle. Car le pouvoir ne sert à rien si il n’est pas utilisé.
Et de son côté, elle souhaite simplement appliquer au monde son paradigme qu’elle trouve plus efficace que le côté béni-oui-oui d’un Giles, avec le pouvoir de l’amour et des fleurs. Elle n’est pas du côté de l’adaptation ; elle a la performance et l’efficience.
Si les choses vont droit ; si les gens connaissent leur place ; si les règles sont suivies… alors nous pourrons arriver quelque part. Walsh n’a pas d’ambition, elle a une méthode. Elle n’a pas besoin d’improviser, elle a accès à des outils. Elle n’a pas la faculté de survie ; elle a le sens de l’ordre.
Bref. Excellent épisode, messieurs.
Bon rétablissement à ce cher Clément et bonne continuation.
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